mardi 27 juillet 2010

Quand la table le veut, elle s’acoquine bien d’une bonne bouteille.

Il me faut maintenant aborder un sujet délicat, voire difficile, et comme dans la vie, souvent assez complexe, animé parfois de ces déceptions qui nous bousculent, mais la plupart du temps remplit de ces grands moments de petits bonheurs qui nous comblent de plaisirs gourmands. Je vous parle ici de l’univers du mariage, non pas au sens religieux du terme, vous l’aurez compris, mais plutôt de celui qui se tisse entre le vin et la boustifaille.

Commençons donc par le début et disons qu’un vin se devrait de toujours mettre en valeur un plat, et vice et versa, comme s’il venait donner un second souffle aux saveurs d’un menu, comme si on jetait de l’huile sur le feu des arômes qui se dressent dans notre assiette. Or, l’une des tendances actuelles est plutôt à boire du vin en apéro et à se rabattre sur un Coke (ou tout autre truc du genre) au moment de passer à table. Sacrilège bien sûr, car tout bon plat fait appel à une bonne bouteille. Mais bon, comment choisir le mariage parfait là est toute la question. Difficile, je sais, mais si on garde la tête froide, si on se munit de quelques concepts de base et, comme dans la vie, si on fréquente les bons endroits, pour ne pas dire les bons cépages, on devrait éventuellement trouver chaussure à son pied.

Disons d'abord que la base est assez simple et que plat léger et sans-façon demande un vin léger et fruité, rien de trop complexe, comme le plat en lui-même. Ainsi, Gamay et Pinot, d’Anjou, du Beaujelais, de Bourgogne ou de Bourgueil, par exemple, sans oublier les Valpolicellas italiens couvriraient très bien la légèreté d’une pizza à l’italienne et de tout le lot des entrées qui se dressent habituellement à l’ouverture d’une table. Et plus les saveurs se réveillent, plus le vin se doit d’être lui aussi plus structuré, en donnant dans la finesse, en révélant plus d’arômes et en affichant un peu plus de personnalité. Ici, Cabernet franc, Carignan, Merlot, Grenache, Pinot-Noir, Syrah, et pour l’Italie les Barbera d’Asti, les Valpolicella Superieur Ripasso et les Sangiovese, sans oublier les Zinfandel américains, feront le bonheur de notre table, tout comme celui de nos invités.

Quoi d’autre ? Un plat d’envergure demandera un vin plus complexe, voire plus racé, avec du caractère, et qui permettra de mettre en valeur toute la splendeur de notre menu. Car le principe de base est aussi en fonction de ce qui se retrouve dans notre assiette et de ceux et celles qui partagent notre table. Ainsi, une viande rouge demande un vin rouge et plus la viande est saignante, plus le vin se doit d’être bien charpenté. Un carré d’agneau de Nouvelle-Zélande se verrait très bien entrer en scène sous l’aile d’un Cabernet-Sauvignon qui a un l’honneur de dormir quelques mois dans les barriques de bois du Chili, de l’Italie ou encore de la Californie. Au contraire, les viandes blanches rôties demanderont un vin frais et fruité et les fruits de mer, tout comme les crustacés, tomberont dans le fabuleux monde des vins blancs.

Et si on allait un peu plus loin. L’ordre de service des vins est crucial. En fait, le vin servi ne doit jamais faire regretter le précédent ou encore détruire le suivant. Ainsi, l’apéro sera servi sur un blanc vif et fruité tel que Chardonnay, Sauvignon, Aligoté ou, encore mieux, un Champagne Blanc de Blancs qui provoque une salivation très apéritive. Ensuite, les principes de base : les blancs avant les rouges, les vins jeunes avant les vieux, les plus légers avant les corsés et les vins simples avant les plus complexes. Et finalement, les vins de desserts font le travail pour tout ce qui est sucré. N’oublions pas non plus que la température de service est tout aussi essentielle. Un blanc trop froid passera inaperçu et un rouge trop chambré n'évoquera que déceptions.

Allons encore un peu plus loin. Le menu est simple, on se lance dans un rouge léger et rafraîchissant qui nous arrive de Bourgueil, de Fleurie, de Brouilly ou encore des Côtes-de-Provence. On parle de fruits de mer ou de crustacés, on se dirige alors vers un Bourgogne Aligoté, un Entre-deux-Mers, un Sancerre ou encore vers tous les Grands Crus d’Alsace. On nous annonce un repas plus savoureux, plus détaillé, sous des plats mijotés en sauce, c'est l'heure du Saint-Émilion, du Bergerac ou même d'un cru de Beaujelais bien construit (Saint-Amour). Et si on s’invite à une grande occasion où le menu sera fastidieux, on se lance alors dans un classique Bordeaux rouge et, si le budget le permet, ça sera les grands jours du Côte-Rôtie, du Grand Bourgogne rouge, de l'Hermitage, du Châteauneuf-du-Pape ou encore du fabuleux monde de Bandol. Et pourquoi ne pas aussi tenter sa chance du côté d’un Amarone ou d’un Barolo italien qui renversera tout aussi bien tous les invités sous la splendeur de ses arômes. Et si en plus, on se cherche un vin pour soulever des passions au moment de l’assiette de fruits et de chocolat, un Rasteau, un Banyul, ou encore un Porto sauront ravir même les plus résistants d'entre-nous.

Finalement, les mets très épicés ne font pas bons ménages avec le vin et la bière fera nettement plus notre bonheur, tout comme celui de nos papilles gustatives. Mais si comme moi, vous y tenez absolument, alors rabattez-vous sur une bouteille de rouge léger et fruité afin d’apporter un peu plus de fraîcheur dans cette explosion de saveurs. Et si on vous parle de vinaigrette et de vinaigre, oubliez tout simplement le vin et servez-vous de l’eau.

Mais il me faut ajouter un léger détail afin de bien conclure le sujet des mets et des vins. Peu importe votre choix, du plus modeste au plus dispendieux, votre bouteille doit avant tout vous procurer du plaisir. Les vins simples, mais bien construits, ceux qui ne cassent pas notre budget et qui nous désaltèrent à souhait, sont souvent ceux qui nous apportent le plus de satisfaction autour d’une table bien entourée. Bon appétit.

Quelques suggestions...
Fruités et légers :
Louis Roche Anjou 2008 (SAQ 00553073, 15$)
Beaujolais Les Griottes Vissoux Pierre-Marie Chermette 2009 (SAQ 11259940, 17$)
Bourgogne Pinot noir Réserve Chèvre noire Boisseaux-Estivan 2008 (SAQ 00237875, 19$)
Chénas Quartz Domaine Piron& Lameloise 2006 (SAQ 10367412, 20$)
La Coudraye Yannick Amirault Bourgueil 2008 (SAQ 10522401, 21$)

Fruités et charnus :
Le Orme Barbera d'Asti Superiore 2008 (SAQ 00356105, 15$)
Nero d'Avola Era Sicilia i.g.t. 2008 (SAQ 11015620, 14$)
Capitel dei Nicalo Tedeschi Valpolicella Classico Superior 2008 (SAQ 11028156, 16$)
Sagramoso Ripasso Valpolicella Superiore Classico 2008 (SAQ 00602342, 22$)
Zinfandel Cardinal Zin Californie 2007 (SAQ 10253351, 25$)

Complexes, puissants et généreux :
Château L'Escart 'Julien' Bordeaux supérieur 2007 (SAQ 00896282, 17$)
Umberto Cesari Riserva Sangiovese di Romagna 2004 (SAQ 11233475, 20$)
Vieux Château Champs de Mars Côtes de Castillon 2006 (SAQ 10264860, 20$)

Champagne :
De Saint Gall Premier cru Blanc de blanc Brut Champagne (SAQ 00542209, 58$)

Blancs :
Cuvée Clémence Entre-Deux-Mers 2008 (SAQ 10392394, 17$)
Chardonnay/sauv. Côté Tariquet vin de pays Côtes de Gascogne 2008 (SAQ 00561316, 18$)
Domaine Marcel Deiss Alsace 2008 (SAQ 10516490, 21$)
Sauvignon blanc Cloudy Bay Marlborough 2008 (SAQ 10954078, 32$)

1 commentaire:

  1. Sur le pont d'Avignon. Le coup frappa l'enfant à la machoire. Il resta debout. Sourirant. Le tirailleur: rien. Le fusil: aucun. Et il y avait cette aube et ce soir pleins d'expectations les plus brillantes.

    S'il vous plait...

    Poétudes

    ( ORDGALLER )

    - Peter Ingestad, Sverige

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