mardi 27 juillet 2010

Quand la table le veut, elle s’acoquine bien d’une bonne bouteille.

Il me faut maintenant aborder un sujet délicat, voire difficile, et comme dans la vie, souvent assez complexe, animé parfois de ces déceptions qui nous bousculent, mais la plupart du temps remplit de ces grands moments de petits bonheurs qui nous comblent de plaisirs gourmands. Je vous parle ici de l’univers du mariage, non pas au sens religieux du terme, vous l’aurez compris, mais plutôt de celui qui se tisse entre le vin et la boustifaille.

Commençons donc par le début et disons qu’un vin se devrait de toujours mettre en valeur un plat, et vice et versa, comme s’il venait donner un second souffle aux saveurs d’un menu, comme si on jetait de l’huile sur le feu des arômes qui se dressent dans notre assiette. Or, l’une des tendances actuelles est plutôt à boire du vin en apéro et à se rabattre sur un Coke (ou tout autre truc du genre) au moment de passer à table. Sacrilège bien sûr, car tout bon plat fait appel à une bonne bouteille. Mais bon, comment choisir le mariage parfait là est toute la question. Difficile, je sais, mais si on garde la tête froide, si on se munit de quelques concepts de base et, comme dans la vie, si on fréquente les bons endroits, pour ne pas dire les bons cépages, on devrait éventuellement trouver chaussure à son pied.

Disons d'abord que la base est assez simple et que plat léger et sans-façon demande un vin léger et fruité, rien de trop complexe, comme le plat en lui-même. Ainsi, Gamay et Pinot, d’Anjou, du Beaujelais, de Bourgogne ou de Bourgueil, par exemple, sans oublier les Valpolicellas italiens couvriraient très bien la légèreté d’une pizza à l’italienne et de tout le lot des entrées qui se dressent habituellement à l’ouverture d’une table. Et plus les saveurs se réveillent, plus le vin se doit d’être lui aussi plus structuré, en donnant dans la finesse, en révélant plus d’arômes et en affichant un peu plus de personnalité. Ici, Cabernet franc, Carignan, Merlot, Grenache, Pinot-Noir, Syrah, et pour l’Italie les Barbera d’Asti, les Valpolicella Superieur Ripasso et les Sangiovese, sans oublier les Zinfandel américains, feront le bonheur de notre table, tout comme celui de nos invités.

Quoi d’autre ? Un plat d’envergure demandera un vin plus complexe, voire plus racé, avec du caractère, et qui permettra de mettre en valeur toute la splendeur de notre menu. Car le principe de base est aussi en fonction de ce qui se retrouve dans notre assiette et de ceux et celles qui partagent notre table. Ainsi, une viande rouge demande un vin rouge et plus la viande est saignante, plus le vin se doit d’être bien charpenté. Un carré d’agneau de Nouvelle-Zélande se verrait très bien entrer en scène sous l’aile d’un Cabernet-Sauvignon qui a un l’honneur de dormir quelques mois dans les barriques de bois du Chili, de l’Italie ou encore de la Californie. Au contraire, les viandes blanches rôties demanderont un vin frais et fruité et les fruits de mer, tout comme les crustacés, tomberont dans le fabuleux monde des vins blancs.

Et si on allait un peu plus loin. L’ordre de service des vins est crucial. En fait, le vin servi ne doit jamais faire regretter le précédent ou encore détruire le suivant. Ainsi, l’apéro sera servi sur un blanc vif et fruité tel que Chardonnay, Sauvignon, Aligoté ou, encore mieux, un Champagne Blanc de Blancs qui provoque une salivation très apéritive. Ensuite, les principes de base : les blancs avant les rouges, les vins jeunes avant les vieux, les plus légers avant les corsés et les vins simples avant les plus complexes. Et finalement, les vins de desserts font le travail pour tout ce qui est sucré. N’oublions pas non plus que la température de service est tout aussi essentielle. Un blanc trop froid passera inaperçu et un rouge trop chambré n'évoquera que déceptions.

Allons encore un peu plus loin. Le menu est simple, on se lance dans un rouge léger et rafraîchissant qui nous arrive de Bourgueil, de Fleurie, de Brouilly ou encore des Côtes-de-Provence. On parle de fruits de mer ou de crustacés, on se dirige alors vers un Bourgogne Aligoté, un Entre-deux-Mers, un Sancerre ou encore vers tous les Grands Crus d’Alsace. On nous annonce un repas plus savoureux, plus détaillé, sous des plats mijotés en sauce, c'est l'heure du Saint-Émilion, du Bergerac ou même d'un cru de Beaujelais bien construit (Saint-Amour). Et si on s’invite à une grande occasion où le menu sera fastidieux, on se lance alors dans un classique Bordeaux rouge et, si le budget le permet, ça sera les grands jours du Côte-Rôtie, du Grand Bourgogne rouge, de l'Hermitage, du Châteauneuf-du-Pape ou encore du fabuleux monde de Bandol. Et pourquoi ne pas aussi tenter sa chance du côté d’un Amarone ou d’un Barolo italien qui renversera tout aussi bien tous les invités sous la splendeur de ses arômes. Et si en plus, on se cherche un vin pour soulever des passions au moment de l’assiette de fruits et de chocolat, un Rasteau, un Banyul, ou encore un Porto sauront ravir même les plus résistants d'entre-nous.

Finalement, les mets très épicés ne font pas bons ménages avec le vin et la bière fera nettement plus notre bonheur, tout comme celui de nos papilles gustatives. Mais si comme moi, vous y tenez absolument, alors rabattez-vous sur une bouteille de rouge léger et fruité afin d’apporter un peu plus de fraîcheur dans cette explosion de saveurs. Et si on vous parle de vinaigrette et de vinaigre, oubliez tout simplement le vin et servez-vous de l’eau.

Mais il me faut ajouter un léger détail afin de bien conclure le sujet des mets et des vins. Peu importe votre choix, du plus modeste au plus dispendieux, votre bouteille doit avant tout vous procurer du plaisir. Les vins simples, mais bien construits, ceux qui ne cassent pas notre budget et qui nous désaltèrent à souhait, sont souvent ceux qui nous apportent le plus de satisfaction autour d’une table bien entourée. Bon appétit.

Quelques suggestions...
Fruités et légers :
Louis Roche Anjou 2008 (SAQ 00553073, 15$)
Beaujolais Les Griottes Vissoux Pierre-Marie Chermette 2009 (SAQ 11259940, 17$)
Bourgogne Pinot noir Réserve Chèvre noire Boisseaux-Estivan 2008 (SAQ 00237875, 19$)
Chénas Quartz Domaine Piron& Lameloise 2006 (SAQ 10367412, 20$)
La Coudraye Yannick Amirault Bourgueil 2008 (SAQ 10522401, 21$)

Fruités et charnus :
Le Orme Barbera d'Asti Superiore 2008 (SAQ 00356105, 15$)
Nero d'Avola Era Sicilia i.g.t. 2008 (SAQ 11015620, 14$)
Capitel dei Nicalo Tedeschi Valpolicella Classico Superior 2008 (SAQ 11028156, 16$)
Sagramoso Ripasso Valpolicella Superiore Classico 2008 (SAQ 00602342, 22$)
Zinfandel Cardinal Zin Californie 2007 (SAQ 10253351, 25$)

Complexes, puissants et généreux :
Château L'Escart 'Julien' Bordeaux supérieur 2007 (SAQ 00896282, 17$)
Umberto Cesari Riserva Sangiovese di Romagna 2004 (SAQ 11233475, 20$)
Vieux Château Champs de Mars Côtes de Castillon 2006 (SAQ 10264860, 20$)

Champagne :
De Saint Gall Premier cru Blanc de blanc Brut Champagne (SAQ 00542209, 58$)

Blancs :
Cuvée Clémence Entre-Deux-Mers 2008 (SAQ 10392394, 17$)
Chardonnay/sauv. Côté Tariquet vin de pays Côtes de Gascogne 2008 (SAQ 00561316, 18$)
Domaine Marcel Deiss Alsace 2008 (SAQ 10516490, 21$)
Sauvignon blanc Cloudy Bay Marlborough 2008 (SAQ 10954078, 32$)

jeudi 22 juillet 2010

Les Grézeaux Bernard Baudry Chinon 2005


 








Les Grézeaux Bernard Baudry Chinon 2005, Code SAQ : 10257555 (27$)
Pays : France
Région : Vallée de la Loire
Sous région : Touraine
Cépage : Cabernet franc
Appellation : Chinon
Fournisseur : Bernard Baudry
Pourcentage d'alcool : 13.0 %
Famille de vin : Sec, corsé et boisé

Voici  un vin qui nous offre le meilleur du cabernet franc avec une robe de couleur rouge rubis profond d’où se dévoile un nez assez présent avec des notes de poivron vert, de poivre et d’épices. Bien structuré et très net, c’est une grande pointure, gorgée de subtiles arômes de framboises, de violettes et de réglisses, aux tanins serrés, mais d’une belle structure. Sortez vos grillades de viandes rouges, bien grillées, et Les Grézeaux feront le travaille pour vous.

La cuvée est issue des plus vieilles vignes du domaine (50 ans), situées au pied du coteau de Sonnay, sur un sol de graves caillouteuses sur sous-sol argilo-siliceux. C'est un vin concentré avec une matière dense mais toujours soyeuse. Une trentaine de minutes en carafe lui permettront de s’assouplir et de vous révéler ainsi toute sa splendeur. Cépage unique : Cabernet franc et élevage en cuves de ciment, bois et barriques. Fermentation en cuves ciments de 15 à 25 jours. Élevage de 12 mois en barriques de trois à cinq ans d'âge. Il y a de la recherche là-dessous.

La Vallée de la Loire, dans le Centre-Ouest de la France, est souvent considérée comme l’une des plus belles régions à vin de la France et reconnue principalement pour ses vins blancs à base de Chenin blanc (les blancs représentent 75% de la production totale de la vallée qui écoule annuellement 400 millions de bouteilles). Or, elle produit une si grande variété de vins qu’il devient parfois difficile de leur trouver une caractéristique commune. On peut cependant diviser la Vallée en trois principaux secteurs. D’abord les terres de Sancerre et de Pouilly avec les vins blancs à base de Sauvignon, fruitées à souhait et herbacées ; la grande région de Touraine et d'Anjou, qui nous offre des vins blancs tranquilles et effervescents, mais qui est aussi le plus grand territoire de production de rouge de la Loire ; et finalement, les terres du Muscadet, tout au sud, qui nous offre des vins blancs légers et fruités. Le Gamay, le Pinot Noir et le Chardonnay des vignobles du sud nous rappel aussi que nous ne sommes pas très loin de la Bourgogne. Et pour le centre, c’est la place du Cabernet Sauvignon et du Cabernet Franc.

Malgré une baisse généralisée de la demande des vins de la Loire au cours des dernières années, il se trouve que la Touraine cache encore de véritables bonnes bouteilles, notamment avec celle en provenance de Chinon qui nous offre une qualité de Cabernet Franc rarement égalée, si ce n’est qu’à Saint Émilion. Chinon si situe sur la rive gauche de la Loire, le long de la rivière Vienne, et est principalement connu comme le lieu de naissance de Rabelais, l'un des grands écrivains français, qui fut d'ailleurs propriétaire du Clos de l'Echo, un domaine fameux de la région. On y cultive principalement le Cabernet Franc avec une production qui tourne autour de six millions de bouteilles annuellement. Et lorsque l’on parle du Chinon, on parle nécessairement de Bernard Baudry qui, avec ses expériences du bois et de la séparation des cépages, a su se dresser au sommet des producteurs de la région.

Bernard Baudry a depuis 1975 patiemment bâti son domaine à Cravant-les-Coteaux (2ha), sur quelques-uns des plus beaux terroirs de l’appellation Chinon. Il est aujourd’hui tout simplement l'un des cinq meilleurs producteurs de rouge dans la Loire. Grâce à un travail de vinification parcellaire, chacune de ses cuvées exprime l'élégance, la pureté et la fraîcheur aromatique du Cabernet franc, en harmonie avec chacun des terroirs. Ses 2005 sont d’ailleurs d’une grande garde.

mardi 20 juillet 2010

Les vins de garde.

Pour la grande majorité des appellations du monde un peu moins de 20 % de tous les vins produits ont la constitution nécessaire pour être considérés comme des vins de garde, c’est-à-dire qu’ils doivent être conservés pendant plusieurs années afin qu'ils puissent nous révéler leur plein potentiel. Le temps de garde d'un vin varie donc en fonction de deux éléments : l'appellation et le millésime (année de production). Mais encore faut-il savoir comment et sur combien d'années on peut les conserver : trois ans ? cinq ans ? dix ? voire vingt ans et plus ?

La règle générale est que l’on peut conserver les vins tanniques s’ils proviennent d’une bonne année de production et d’un domaine de belle réputation. On parle ici des bouteilles exceptionnelles, celles qu’on oublient pour longtemps au fin fond de la cave. Élevées dans des barriques de chêne neuf, elles nous révèlent des notes boisées, toastées, épicées et qui côtoient les fruits rouges très mûrs, voire confits, avec des traces de vanilles laissées par le passage du bois. Comme ces vins sont pourvus de tanins très serrés, ils sont plutôt austères dans leur jeunesse et s’apprécient plus avec le passage du temps. Ce sont des vins à base de Cabernet-Sauvignon, de Mourvèdre, de Syrah et de Nebbiolo italien. Ils nous proviennent des appellations Bandol, Côte-Rôtie, Haut-Médoc, Hermitage, Margaux, Pomerol ou encore d’Italie avec le Barolo ou le Barbaresco. On parle aussi de la catégorie Premier et Grand Cru de Bourgogne, produit en quantité très limitée, et caractérisé par de puissantes arômes. Et ici, comme avec tous les rouges de Bourgogne, on n’y retrouve qu’un seul cépage, le Pinot Noir.

Le millésime est essentiel dans la possibilité de garde d’une bouteille et il faut avant tout se référer à un tableau des millésimes pour y choisir une année de production à fort potentielle de garde (ex. Bordeaux 2000 ou 2005, Bourgogne 2005, ou encore Barolo et Barbaresco sortie du Piémont italien entre 1996 et 1998). Et, lorsque l’on parle de vin de garde, on parle nécessairement de ses conditions de conservation. Il faut d’abord voir à la température (entre 10° C et 12° C) pour que le vin évolue à un rythme idéal et toujours verser dans la constance, c’est-à-dire éviter les variations qui feraient gonfler et dégonfler les bouchons, laissant ainsi s’échapper notre précieux liquide. On doit également voir à conserver un taux d'humidité supérieur à 70% afin d’éviter la détérioration des bouchons. Et si le vin ne dort pas en cave ou encore dans notre cellier d’appartement, il faut aussi penser à l’aération pour éviter les odeurs de renfermé qui se communiqueraient au vin et le conserver dans un endroit exclusif sans contact avec tout autre éléments. De plus, la lumière doit être discrète et les bouteilles doivent être couchées, assurant ainsi un contact permanent du liquide avec le bouchon.

Comme vous le constatez, la conservation d’une bouteille pour une longue période n’est pas une mince affaire. Et comme les prix sont souvent hors de prix, il vaut mieux se rabattre sur un bon conseiller en vin, avoir de bonnes conditions de garde et être patient, très patient.

Et pour ceux et celles qui non pas cette patience mais sont munis de beaucoup de $$, on peut toujours se rabattre sur les ventes aux enchères et dénicher une bouteille marquée par l’effet du temps. Quelques exemples : Petrus magnum 1989 à 15 000$ ou 1990 à 17 000$, et encore mieux avec une caisse de 6 bouteilles de 1993, 1994, 1995, 1998, 1999, 2000 pour environ 16 000$.

Bonne conservation.

lundi 19 juillet 2010

Château Pesquié Quintessence

Château Pesquié Quintessence Côtes du Ventoux 2006, Code SAQ : 00969303 (25$)
Pays : France
Appellation : Côtes du Ventoux
Cépage : 80 % Syrah et 20 % vieux Grenache.
Fournisseur : SCEA Château Pesquié
Pourcentage d'alcool : 15.0 %
Famille de vin : Sec, corsé et boisé 

Voici un vin savoureux, typique des Côtes du Ventoux, un brin corsé et boisé, muni de tanins solides et assez costaux. S’affichant sous une robe rouge très sombre aux reflets pourpres, le nez est assez puissant et s'ouvre sur des arômes de bois brûlé, de fumées, de confitures de petits fruits noirs (cassis, griotte), de vanilles et de menthes fraîches. L’ensemble donne dans de subtiles notes animales et des arômes profonds de fruits noirs et d’épices, complété par des arômes de réglisse et de poivre. Un vin charnu, ample et épicé, puissant et complexe, élevé en barriques pendant un an, qui est le fruit d'une sélection des vieilles vignes du domaine. Le fruité est mûr et passablement riche, au boisé racé et bien ancré dans la matière, avec des tanins enveloppés, tissés serré, mais soyeux, et aux saveurs percutantes. Bien qu’il soit remarquable à l’heure actuelle, il sera encore plus voluptueux et raffiné dans quelques années, lorsqu'il aura bien digéré son bois. Muni d’une agréable fraîcheur soutenue par des tannins solides, le passage en carafe lui permet de s’assouplir un peu et de nous offrir ainsi encore plus de saveur. Le servir un peu plus frais (15 °C) qu’à l’habitude nous permet aussi de mieux l’apprécier et, surtout, l’accompagné d’un repas qui s’oriente sur les viandes rouges rôties, les viandes en sauce, les gibiers ou encore sur les viandes à peine tournées sur le grill.

On se trouve ici dans le sud de la France, au cœur de la Vallée du Rhône (AOC), où les vignobles sont disposés en arc de cercle autour du Mont Ventoux, surnommé le Géant de Provence. La superficie de l'appellation Côtes du Ventoux représente 7 450 hectares (76% vins rouges, 20% rosés et 4% de blancs). On y cultive deux principaux cépages, le grenache (près de 40% des surfaces), et le roi du Rhône Nord, la syrah (plus de 30% de l’encépagement). Les autres cépages sont le Cinsault, le Carignan, le Mourvèdre, la Roussanne, le Viognier, la Clairette et le Chardonnay. Avec 114 domaines, 15 caves coopératives et 5 vinificateurs, on y produit pas moins de 4 millions de bouteilles annuellement.

Le Château Pesquié est aujourd’hui l’un des domaines phares de l’appellation du sud de la vallée du Rhône. Le domaine, qui a pris sa physionomie actuelle vers les années 1745, bénéficie d’un microclimat particulièrement favorable (étés chauds bercés par le vent frais du Mistral, et hivers froids). C’est surtout à partir de 1990 que le domaine prend son envole. Le Versant sud du Mont Ventoux (1912 m) offre un ensoleillement exceptionnel. Assis sur des coteaux de graves argilo-calcaires et situé très au sud de la vallée du Rhône, le Château Pesquié travaille neuf cépages et la complexité de ses vins doit beaucoup aux assemblages, grande tradition de la Vallée du Rhône Sud.

En fonction des cépages et de l’âge des vignes, les macérations durent entre 12 et 25 jours. Le pressurage est pneumatique. Pour l’extraction, on utilise un remontage classique avec aération par canne à air. Le contrôle des températures leur permet de faire des macérations pelliculaires (particulièrement pour les vins blancs), des pré-fermentaires (essentiellement sur la syrah) et des débourbages à froid (opération consistant à séparer la bourbe (matières en suspension) des jus avant la fermentation des moûts). Vinification et stockage ont essentiellement lieu en cuve inox et béton mais depuis plusieurs années, la famille Chaudière développe les vinifications en cuve de bois avec un élevage de 12 à 18 mois en barriques de chêne français : 40 % en bois neuf et 60 % en bois de un à deux passages.
www.chateaupesquie.com

mercredi 14 juillet 2010

Le vin, c’est aussi une question de familles.

Chacun sait que l’univers du vin est vaste et qu’on peut facilement si perdre si l’on ne se fixe pas quelques balises pour nous éclairer lors de nos escapades sous les étalages de la SAQ. Or, tout comme en musique, en peinture ou en littérature, le monde de la viticulture comprend lui aussi ses styles et ses références. On parle alors de familles de vin qui nous permettent de mieux choisir une bouteille en fonction de nos goûts et de nos attentes. Voyons donc ce qu'il en ressort dans le monde des rouges.

On trouve tout d’abord les vins rouges légers et fruités. On parle ici des vins de plaisirs immédiats, des vins gouleyants, frais, légers et faciles à boire. Ils sont peu tanniques, munis d’une belle acidité, et débordent de petits fruits rouges avec une finale qui est souvent rafraîchissante. Ce sont des vins de terrasses au coeur de l’été et qui s’accordent avec une cuisine légère et sans complications. Les cépages donnent dans le Gamay, le Pinot noir et le Trousseau, parfois aussi dans le Cabernet Franc, avec des arômes fruitées à souhait. Ils nous arrivent principalement d’Anjou, du Beaujolais, de Bourgogne, de Bourgueil, des Côtes-du-Jura, des Coteaux-du-Lyonnais, des Hautes-Côtes-de-Beaune ou des Hautes-Côtes-de-Nuits. Et pour Italie, c’est le royaume du Valpolicella et du Bardolino de la région de Vénétie dans le nord-est italien. Ce sont des vins qui gagnent à être servis frais (entre 12 et 14° C) et surtout à boire jeune, à grandes gorgées, pendant les deux premières années de bouteille, et jamais plus que trois.

Viennent ensuite les vins rouges charnus et fruités.
Ce sont encore des vins simples mais avec une bouche un peu plus charnue et des tanins un peu plus serrés, plus présents, mais sans aucune agressivité et toujours soyeux. Certains fréquentent même l’élevage dans le bois neuf afin de relever leur côté fruité et de nous permettre de découvrir les fruits rouges sous des notes d’épices et de vanilles. À table, ce sont les vins parfait pour le petit gibier et les viandes en sauce comme le bœuf bourguignon par exemple. Les cépages donnent dans le Cabernet franc, mais aussi dans le Carignan, le Merlot, le Grenache, le Pinot Noir, la Syrah, la Mondeuse, et pour l’Italie, le Sangiovese. Ils proviennent plus souvent qu’autrement du Bergerac, du Bordeaux Supérieur, de Buzet, de Chinon, des Côte-de-Castillon, des Côtes chalonnaisse, des Côte-de-Provence ou des Côte-du-Rhône-Village. En Italie, c’est le royaume du Chianti produit en Toscane dans le Nord-Ouest de l’Italie. On les sert généralement entre 15 et 17° C et après un séjour de deux ans en bouteilles afin qu’ils puissent se bonifier. Leur passage en carafe n’est pas obligatoire, mais leur apporte certainement plus de rondeur dans la majorité des cas et leur permet ainsi de s’assouplir à souhait.

Suivent les vins complexes, puissants et généreux.
Ce sont des vins qui offrent un peu plus de caractère et de personnalité. Leurs tanins sont plus étoffés, leur texture plus suave et leur matière plus riche en alcool (ce qui donne une légère sensation de gras en bouche). Ainsi, pour toutes ces raisons, le passage du temps devient obligatoire pour leur permettre de se bonifier et de s’assouplir. On parle inévitablement d’élevage en barriques qui lui donne souvent des odeurs plus complexes avec des notes de boisées et d’épices associées à des fruits noirs très mûrs, voire confits. Ils laissent en bouche une impression de puissance et gagnent donc à séjourner en carafe. Ce sont des vins d’une cuisine riche en saveurs, comme les viandes rouges qui dorment à peine sur le grill, les plats en sauce au vin, les gros gibiers ou les rôties. Les cépages relèvent toujours du Cabernet franc, mais aussi du Carignan, du Grenache, du Mallbec, du Merlot, du Mourvèdre et du Syrah. Ils nous arrivent du Cahors, de Châteauneuf-du-Pape, de Cordières, des Côtes-de-bourg et des Côtes-du-Roussillon-Villages. Fait à noter, les plus dispendieux de cette cathégorie sont à forte proportion de Merlot et proviennent de Pomerol ou de Saint-Émilion. En Espagne, on parle de la Rioja, du Merlot au Chili et des Shiraz d’Australie. On les sert après un minimum de trois ans en bouteille, avec un passage en carafe obligatoire et à une température qui tourne autour de 15 à 17° C.

Finalement, les rouges complexes, tanniques et racés.
Ce sont les bouteilles hors de prix, celles qu’on regarde mais qu’on ne peut pas vraiment se permettre, du moins sans casser son budget. Élevés dans des barriques de chêne neuf, ils nous révèlent des notes boisées, toastées, épicées et qui côtoient les fruits rouges très mûrs, voire confits. Comme ils sont pourvus de tanins très sérrés, ils sont plutôt austères dans leur jeunesse et s’apprécient plus avec le passage du temps. Ce sont des vins à base de Cabernet-Sauvignon, de Mourvèdre, de Syrah et de Nebbiolo italien. Ils nous proviennent des appellations Bandol, Côte-Rôtie, Haut-Médoc, Hermitage, Margaux ou encore d’Italie avec le Barolo ou de Californie avec le Cabernet-sauvignon. Ce sont des bouteilles qui demandent une attention particulière et qu’il faut obligatoirement décanter.

Il me faut aussi mentionner les vins rares et d’exception.
On parle ici de la catégorie Premier et Grand Cru de Bourgogne, produit en quantité limitée, et caractérisé par de puissantes arômes. Ici, comme tous les rouges de Bourgogne, on ne trouve qu’un seul cépage, le Pinot Noir, et qu’un seul prix, le plus élevé.
A suivre...

Château Paul Mas Clos des Mûres

Château Paul Mas Clos des Mûres Coteaux du Languedoc 2007, Code SAQ : 00913186 (19$)
Pays : France
Région : Languedoc-Roussillon
Cépage : Syrah 83% Grenache 12%, Mourvêdre 5%
Appellation : Coteaux du Languedoc
Fournisseur : Paul Mas&Fils
Pourcentage d'alcool : 13.5 %
Famille de vin : Sec, corsé et fruité

Un excellent rapport qualité prix sous une robe violet profond avec des reflets violacés. La cuvée Clos des Mûres est fidèle à son nom et nous révèle un nez complexe avec des arômes de cassis, de violette et de mûres, sous de subtiles notes de cacao et d’épices. Agrémenté d’une belle acidité qui donne de l’équilibre aux tanins charnus. Un rouge qui a du coffre, à la fois ferme et généreux, soyeux, plein et ramassé, aux saveurs longues et inspirantes, laissant des traces de poivre auquel s’ajoutent des notes de cuir, de prune et de thym avec également de légères notes boisées sous fond de réglisse et de torréfaction. Les viandes rouges n'en reviendront tout simplement pas. Bien sûr qu’un séjour en cave pour encore quelques années lui permettrait de s’assouplir encore un peu, mais sinon, un bon coup de carafe lui fera le plus grand bien.

Les Domaines Paul Mas sont un ensemble de quatre domaines viticoles familiaux, couvrant 60 hectares de vignobles sur les coteaux de la vallée de l’Hérault en Languedoc. On y cultive principalement les cépages typiques du coin (Syrah, Grenache, Cabernet Sauvignon, Merlot, Carignan et Cinsault). Le vignoble du Clos des Mûres (8.2 ha), faisant partie du vignoble du Château Paul Mas, est entouré de plants de mûres sauvages qui lui donnent son nom. Les Syrah ont en moyenne de 24 à 44 ans d’âge, les Grenache 45 ans et le Mourvèdre 12 ans.

On se trouve ici dans le Grand Sud de la France, le long de la Méditerranée, au pied des Pyrénées, là où les étés sont chauds et secs, dans des conditions arides qui nous offres des vins concentrés aux arômes d’herbes et de garrigue. Depuis quelques années, le Languedoc-Roussillon (plus grande région de production de France) est en pleine effervescence en matière de viticulture. Par exemple, l’introduction de la macération carbonique visant l’extraction d’un maximum de fruit et d’un minimum de tanins grossiers, a donné un second souffle au Carignan -tendance à donner des vins peu fruités- qui affiche ainsi un caractère plus fruité et épicé. De même pour ce qui est de l’utilisation des barriques de chêne neuf de premier et deuxième vin. Il faut dire que depuis toujours, le sud français n’a pas donné dans la tradition du vieillissement des vins. Or, depuis quelques années, les cuves en béton et en inox sont venues remplacer les foudres de chêne trop difficiles à entretenir et beaucoup de producteurs ont maintenant des caves souterraines qui permettent le vieillissement des crus. (La macération carbonique consiste à mettre des grappes entières, non éraflées et non foulées, dans une cuve hermétique saturée de dioxyde de carbone qui permet alors une fermentation intra-cellulaire. Elle confère au vin plus de fruits avec des arômes typiques de « bonbon anglais ».)

La vinification est soignée. Éraflage et vinification séparée pour chaque cépage avec une fermentation d’une semaine pour les trois cépages à 26°C. La macération est de style traditionnelle (12 jours pour la Grenache et le Mourvèdre, 14 jours pour la Syrah). 40 % de l’assemblage fait la fermentation malolactique en barrique. Le vin est alors élevé pendant neuf mois dans des barriques françaises et américaines, dont 30 % sont neuves, 35 % âgées de un an, 35% de deux ans. (La fermentation malolactique est un procédé qui permet une diminution de l'acidité et un assouplissement du vin.)
www.paulmas.com

mardi 13 juillet 2010

Canet Valette Antonyme Saint-Chinian

Canet Valette Antonyme Saint-Chinian 2009,
Code SAQ : 11013317 (16$)
Pays : France
Région : Languedoc-Roussillon
Cépage : Mourvèdre 50 % cinsault 50 %
Appellation : Saint-Chinian
Caractéristique : issu de culture agrobiologique
Fournisseur : SARL Valette
Pourcentage d'alcool : 13.0 %

Sous une robe rubis assez intense se dévoile un nez croquant de raisins, de fraises bien mûres et de bonbon anglais, voire de confitures. Offrant beaucoup de fraîcheur, du fruit, et rien que du fruit, la cuvée Antonyme est un vin de parfums de Cassis, de myrtille, de réglisse, de cerises noires, de fraises et d’épices. Muni d’une matière pleine, fraîche et fruitée, le vin est gourmand et bien construit. Phénomène plutôt rare de nos jours, on dénote une présence de dépôts dans la bouteille et, comme le vin est jeune, ces dépôts proviennent probablement de l’absence de filtration lors de la mise en bouteille. Tandis que le Mourvèdre apporte le côté puissant et sauvage, avec des tanins serrés sur des notes de violette et de confiture brûlée, le cinsault vient soulever la finesse et la souplesse du fruit dans l’assemblage. Antonyme est un vin de plaisir par excellence, à boire frais, sur la terrasse en été, à grosses gorgées, afin de savourer toute la splendeur du fruits. Et, au risque de me répéter, l’appelation AOC Saint-Chinian fait décidément partie de mes coups de coeur.

C’est en 1992 que Marc Valette a créé son domaine en Languedoc, dans l'Hérault sur la commune de Cessenon-sur-Orb, au milieu des vignes, à un kilomètre du village. Cessenon-sur-Orb est situé dans le sud de la France, non loin de la frontière espagnole, à la hauteur de Toulouse, juste au nord de Narbonne. C‘est un domaine certifié ÉCOCERT, « bio », depuis 1999.

Terroir argilo calcaire, vignes sur légers coteaux exposés plein sud à 150 mètres d’altitude avec une composante typique du Languedoc (Mourvèdre 50 % et Cinsault 50 %), les rendements sont bas (35 hl/hectare) afin de privilégier la qualité. On parle ici de vendanges manuelles et d’une vinification traditionnelle (raisins égrappés puis vinifiés dans des cuves inox. 15 jours de cuvaison et élevage en cuves durant 4 mois).

Saint-Chinian fait partie d’une vaste appellation qui longe la Méditerranée de Narbonne jusqu’à Nîmes et qui compte 168 communes classées AOC Coteaux-du-Languedoc depuis 1985. On assiste aujourd’hui à une véritable révolution du monde viticole dans cette région avec l’implantation de techniques plus modernes. Les cépages sont les classiques du Midi avec une réglementation qui oblige les producteurs de vins d’appellation à utiliser un apport minimal de 50% des cépages Mourvèdre, Grenache et Syrah. Les blancs, eux, donnent dans le Bourboulenc, le Granche blanc, la Roussanne, la Marsanne et le Rolle. De plus, le rendement maximal est limité à 50 hl/hectare pour les rouges et 60 pour les blancs. L’appelation Saint-Chinian couvre une vingtaine de communes du département de l’Hérault. Ici, les raisins mûrissent lentement dû à la fraîcheur des nuits et, fait intéressant, le nord donne des vins rouges souples et fruités (sol de schiste) à boire jeune, tandis que le sud, installé sur un sol argilo-calcaire, nous offre plutôt des vins plus étoffés. Mis à part les domaines Canet-Valette, Borie la Vitarèle, Mas Champart et Rimbert, le Château Cazal Viel et le Château Coujan sont des gages de qualité assurée.

lundi 12 juillet 2010

Château Cazal-Viel vieilles vignes Saint-Chinian

Château Cazal-Viel vieilles vignes Saint-Chinian 2008,
Code SAQ : 00202499 (13$)
Pays : France
Région : Languedoc-Roussillon
Appellation : Saint-Chinian
Cépage : Syrah
Fournisseur : Laurent Miquel
Pourcentage d'alcool : 13.5 %
Famille de vin : Sec, moyennement corsé et épicé

Un très bon vin à petit prix. Quoi demander de plus. Affichant une robe grenat intense aux reflets de pourpre, le Château Cazal-Viel Vieilles Vignes nous offre un nez délicat s'ouvrant sur des parfums de violette et d'épices. Marquée par de subtils arômes de framboise, des notes de poivre et de clou de girofle (conférées par la syrah au contact du bois), la bouche est tout en rondeur et révèle une somptueuse texture, voire même un peu grasse. L’équilibre entre les tanins et le boisé est très fin, signe d’une production soignée.

Au sommet de son art, le winemaker Laurent Miquel nous offre aussi l’excellent Château Cazal-Viel Larmes des Fées Saint-Chinian 2006 (SAQ : 00913327 ; 36$) et la non moins savoureuse Cuvée des Fées (SAQ : 00895995 ;18$).

Le château Cazal Viel est l’un des plus grands domaines privés à Saint-Chinian (AOC Languedoc) et est situé à environ 20 km au nord de Béziers, au pied des montagnes du Caroux, au sud de l’appellation Saint-Chinian, entre garrigue et pinède (150m d’altitude). C’est un domaine familial de 135 ha et qui date de la Révolution française (1789-1799). La situation géographique du vignoble donne des vins superbement aromatiques, qui fait de moi l’un des plus fidèles amateurs de Saint-Chinian et la maison Cazal Viel fait partie de mes références, car je n’ai de cesse de toujours y revenir.

Ici, toute une gamme de variétés sont cultivées, mais se sont avant tout des spécialistes de la Syrah (60 ha), avec des vignes qui ont entre 20 et 30 ans, et du Viognier (20 ha). Les sols calcaires, plutôt pauvres, favorisent d’eux-mêmes des rendements faibles (45 hl / ha) et quelque 75 000 caisses de vin sont réalisées chaque année (60 000 rouges, 15 000 blancs).

La philosophie du winemaker Laurent Miquel en dit long sur la qualité de ses produits :
« S’il y a bien une chose que j’ai apprise de mon père, c’est la passion et le dévouement qui sont nécessaires pour faire des vins qui sortent de l’ordinaire. Des vins qui surprennent et ravissent ceux qui les goutent pour la première fois et qui deviennent des amateurs fidèles. » « Le vin est avant tout pour lui affaire de vigne et de terroir : des raisins nobles à bas rendement associé à un terroir approprié ne demandent qu’un minimum de soins pour produire un bon vin. L’intervention du vigneron doit se faire en aval avec une sélection rigoureuse des fûts de chêne et l’utilisation judicieuse de techniques modernes ou traditionnelles de vinification qui peuvent apporter consistance et caractère au nectar final. »